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Faire société : le rôle des acteurs éducatifs Dans une période où les extrémismes de tous bords s’expriment de façon de plus en plus décomplexée, la question fondamentale du type de société et des valeurs auxquelles les institutions éducatives et leurs partenaires sont invités à participer se pose avec acuité. En 1997, ont été définis dans le décret Missions les quatre grands objectifs que doivent poursuivre l’enseignement fondamental et l’enseignement secondaire organisés ou subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Parmi ceux-ci, on retrouve l’objectif de préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d'une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures. Si cet objectif doit être assuré par l’École et concerne ici les élèves de l’enseignement obligatoire, nous l’étendons à tous les lieux d’éducation et de formation : enseignement fondamental, secondaire, supérieur, universitaire, de promotion sociale formation professionnelle, formation continue. Nous synthétisons cet objectif par les termes « faire société ». La notion de « faire société » et la question du rôle de l’éducation dans cette construction commune soulève à son tour d’autres interrogations qui suscitent le débat et que nous entendons ici laisser ouvertes. S’agit-il d’apaiser les tensions au sein de la société, quitte à accepter pour ce faire la séparation de groupes différents ? S’agit-il d’assurer un « vivre ensemble », concept qui sous-entend la possibilité d’une vie pacifique côte à côte ? S’agit-il d’aller au-delà de ce vivre ensemble pour construire un projet commun ? Aborder ces questions se situant en amont des orientations de l’éducation et de la formation implique, entre autres, de réfléchir à des problématiques touchant aux positionnements épistémologiques et axiologiques dans différents processus touchant à l’enseignement et l’apprentissage, au sein et/ou au-delà du cadre scolaire. Pour cette journée d’étude d’ABC-Educ, nous invitons l’ensemble des acteurs et partenaires de l’éducation, qu’ils soient formateurs, enseignants, psychologues scolaires, membres de d’associations en lien avec l’école, directeurs, parents, élèves, étudiants, politiques ou chercheurs, à réfléchir à cette question : pourquoi, comment et dans quelle(s) mesure(s) les institutions et acteurs de l’enseignement et/ou de la formation contribuent-ils ou non à faire société ? Et en quoi pourraient-ils mieux contribuer à faire société ? Ces réflexions seront alimentées par des communications scientifiques et par des posters de praticiens-chercheurs. Les premières présenteront des résultats de recherche et leurs fondements théoriques et méthodologiques ainsi que d’éventuelles recommandations et perspectives. Quant aux posters, ils présenteront de manière réflexive des dispositifs micro ou macro susceptibles de contribuer à « faire société ». Nous sommes convaincus que la recherche en éducation a un rôle de premier plan à jouer dans le traitement de ces thématiques. ABC-Educ est la plateforme privilégiée permettant de mettre en relation les différents acteurs de l’éducation autour de ces questions vives. Pour cette journée, nous attendons principalement des contributions sous la forme de présentations orales de résultats de recherches empiriques apportant des éléments de réflexion à l’un ou l’autre de ces axes. Ces recherches peuvent avoir un caractère fondamental ou appliqué. Cependant, à côté de cette dimension « recherche » importante, et parce que le domaine de l’éducation est fortement orienté vers l’action, un autre format est également mis à l’honneur : la présentation, sous forme de posters, de dispositifs/outils pédagogiques mis en place, s’accompagnant d’un questionnement réflexif autour d’un des axes proposés. Forme des communications Les auteurs sont invités déposer pour le 1er novembre 2016 au plus tard leur proposition sur la plateforme de dépôt de la journée d’étude. Leur proposition comportera :
Chaque communiquant disposera de 15 à 20 minutes de temps parole et de 10 minutes de temps de discussion. Chaque poster fera l’objet d’une présentation pendant cinq minutes. Trente minutes seront réservées aux questions et aux échanges. |
Quatre axes structurant les interventions Cette journée d’étude sera l’occasion de nous interroger sur ces questions complexes en les plaçant au centre d’une réflexion collective déclinée en quatre axes. La formation des enseignants/des formateurs Comment la formation initiale et continue des enseignants et/ou de formateurs, que ce soit dans ses dimensions disciplinaires, pédagogiques et didactiques, ou dans d’autres dimensions (par exemple la vie communautaire de tout collectif d’apprentissage), accorde-t-elle une place au vivre-ensemble et/ou à la construction d’un projet de société commun ? Par quels dispositifs ? Quels en sont les effets ? Quelles sont les valeurs qui les sous-tendent ? Les dispositifs d’enseignement et d’apprentissage Faire société à l’école, à l’université, en formation, se construit non seulement entre les apprenants, mais aussi dans la relation pédagogique avec les enseignants/formateurs. La relégation, l’exclusion, etc., sont autant de phénomènes par lesquels l’institution peut participer à la construction d’une société de type inégalitaire ou insuffisamment solidaire ou démocratique. Comment les dispositifs d’enseignement contribuent-ils à produire ces processus d’inégalités et d’exclusion ? Les dispositifs d’enseignement et d’apprentissage matérialisent le contrat didactique. Ils peuvent susciter des malentendus où se logent, de façon invisible, les lieux où se construisent des rapports différenciés au savoir, des inégalités, etc. Certains dispositifs sont construits dans la perspective de dépasser ces écueils/ces malentendus. Quels sont-ils ? Et quelles sont leurs caractéristiques ? De manière plus globale, comment construire un dispositif capable de prendre en compte la diversité des profils d’apprenants ? Comment les contenus curriculaires de certains cours peuvent-il permettre d’atteindre l’objectif de l’enseignement cité plus haut ? La conception et l’évaluation des politiques éducatives Depuis la fin des années 80, nous avons vu le rôle des Communautés glisser d’une place plutôt modeste au sein du système éducatif à celle de contrôleur des décisions stratégiques en termes de régulation du système. Ainsi, par exemple, le pilotage par les résultats tend aujourd’hui à s’imposer en Belgique francophone, notamment suite à l’influence des organisations internationales telles que l’OCDE. Les politiques éducatives et les instruments d’action publique visant à les mettre en œuvre véhiculent une certaine vision de la place de l’école dans le « faire société » et la construction d’un projet commun de société. Les politiques de pilotage par les résultats en sont un aspect parmi d’autres, de même que la façon dont les relations entre écoles sont conçues. Quelles sont les conceptions de l’enseignement des acteurs de l’éducation et de la formation en Belgique francophone ? Et qu’en est-il de la vision de l’enseignement véhiculée par les politiques communautaires et internationales ? Cette vision est-elle partagée par tous ? Quel en est l’impact sur la qualité du système qu’elles sous-tendent ? L’école et ses partenaires Quel rôle jouent les autres partenaires de l’éducation (AMO, écoles des devoirs, formation continue, secteur privé, …) dans la contribution à faire société ? Par ailleurs, l’école et les autres institutions éducatives et de formation ne se résument pas à des dispositifs d’enseignement et d’apprentissage : ce sont aussi des lieu de vie et de relations triangulaires entre apprenants, personnel éducatif et parents. A l’intérieur de l’école, on trouve également des psychologues scolaires dont le rôle est parfois de retisser du lien entre l’école et l’élève. D’autres partenaires tels que des associations en lien avec l’école, les écoles des devoirs, etc., contribuent de l’extérieur au vivre ensemble à l’intérieur de l’école. Comment ces relations se vivent-elles ? Comment peuvent-elles contribuer à faire société ?
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