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L'accrochage scolaire, pour quel projet commun?
Thomas Dormont  1@  
1 : Université Catholique de Louvain (Mons) ESPO  (UCL-ESPO)

La déscolarisation s'impose en tant que problème public et engage une pluralité de catégories d'acteurs dans la lutte contre le décrochage scolaire. Médiateurs, éducateurs spécialisés, assistants sociaux, psychologues, enseignants ; bref, autant de professionnels de l'éducation qui contribuent à (ré)accrocher des jeunes qui ont déserté l'école. Si la notion générique de "déscolarisation" et ses contours indéfinis s'exportent aisément d'un espace social à l'autre, comment les professionnels chargés de ces missions problématisent-ils la multiplicité d'états de choses réifiés sous ce vocable ? Quelles sont les logiques d'action qu'ils déploient dans le but d'y remédier ? L'intérêt de prendre pour point d'appui la déscolarisation réside dans la présentation de ce phénomène comme un risque de désocialisation génératrice d'exclusion. Ainsi, l'école se présente comme un vecteur de cohésion sociale par lequel chacun doit passer. Pourtant, nombreux sont ceux qui s'en échappent et plusieurs d'entre eux sont rattrapés par différents services d'accrochage scolaire.

Cette communication se propose d'aborder l'école et ses partenaires au départ de la problématisation de la déscolarisation opérée par des acteurs occupant chacun une place et une fonction différente au sein du réseau. En effet, le présent appel à communication atteste à lui seul de la multiplication des acteurs supposés œuvrer à l'idéal d'une scolarité pour tous. Pourtant, mentionner l'existence d'une multitude d'instances poursuivant le même but n'assure pas une approche collective du problème. Autrement dit, ces professionnels travaillent-ils ensemble au « vivre ensemble » ; leurs prétentions éducatives sont-elles le reflet d'une affirmation d'identités professionnelles (Geay & Meunier 2003) en concurrence les unes avec les autres ; parviennent-ils à formuler un accord sur la question d'un projet commun ; etc. ?

La méthodologie envisagée pour travailler ces questions s'articule principalement autour de la méthode d'analyse en groupe. Il s'agit d'un dispositif méthodologique fondé sur l'idée que les acteurs n'ont pas seulement une connaissance « pratique » et « immédiate » de leur environnement qu'il serait possible d'opposer à une connaissance « construite » et « distante » du chercheur. Significative d'une approche dite « par le bas », l'analyse en groupe institue un cadre basé sur l'échange entre les participants et favorise une dynamique de « coopération conflictuelle ». De ce fait, elle associe les acteurs à la production d'une analyse sociologique de leurs expériences en faisant appel à leur réflexivité (Campenhoudt, Chaumont, Franssen 2005). Préférant une approche inductive à l'instar de la sociologie de la traduction (Akrich, Callon, Latour 2006 ; Latour 2007), la recherche dont cette communication se propose de rendre compte refuse la définition préalable d'un cadre théorique. Lequel s'élabore à partir du matériau construit lors de l'analyse en groupe.

L'objectif de ce travail analytique associant chercheurs et praticiens réflexifs est d'identifier les espaces de convergence et de divergence entre la problématisation, les pistes d'action issues de l'analyse en groupe et l'idée consistant à « faire société »; entendu dans le sens défini dans cet appel.


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