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"Faire société" grâce à la didactique de l'oral
Lindsay Dehantschutter  1, *@  
1 : Université Catholique de Louvain  (UCL)  -  Site web
Place de l'Université 1 - 1348 Louvain-La-Neuve -  Belgique
* : Auteur correspondant

Pouvoir communiquer avec autrui de manière appropriée reste l'outil privilégié à toute ouverture aux autres et aux cultures. Or, comme l'affirme Perrenoud (1991), pour pouvoir communiquer, il faut maîtriser l'oral. La position de Revol (Coutty, 1999), à propos du langage, tend à démontrer que celui-ci est un outil permettant de « faire société ». De fait, il affirme que sans le langage, il ne peut exister de droit à l'expression, et donc d'accès à la citoyenneté. Cependant, comme le stipule Revol (Coutty,1999), le droit à l'expression n'est pas un dû, il se conquiert. « Il s'agit aussi de faire que ces moyens soient conquis, disons soient acquis, par les citoyens dès leur plus jeune âge » (Revol cité par Coutty, 1999, p.2). Cette notion de « plus jeune âge » fait écho aux différentes études (Capuano & al., 2001 et Sylva & al., 2004) ayant démontré l'importance de la fréquentation de l'école maternelle pour le développement social de l'enfant. En prenant en considération ces deux concepts favorisant la socialisation, c'est-à-dire d'un côté le langage et de l'autre l'école maternelle, il est pertinent de s'intéresser au lien qui les unis : la transmission de la compétence langagière à la maternelle. Pour ce faire, on peut se référer aux données récoltées dans le cadre d'une étude (Dehantschutter, 2016) visant à analyser les effets de la fréquentation de l'école maternelle sur les résultats en première année primaire. Celle-ci a établi une corrélation entre le taux de fréquentation en première maternelle et les résultats en français en première année primaire. Afin d'approfondir ce résultat, des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de six enseignantes de première maternelle dans le but d'analyser les pratiques langagières de celles-ci à partir de la didactique de l'oral de Grandaty. Les deux grands principes de cette théorie sont, d'un côté la mise en place d'une pédagogie du langage par l'enseignant, et de l'autre l'acquisition d'un langage d'évocation par l'enfant. Concernant la pédagogie du langage, il a été constaté que les enseignantes de première maternelle interrogées instauraient en classe un climat propice aux interactions et affirmaient mettre en œuvre une gestion pédagogique des interactions permettant à chaque enfant d'obtenir un temps de parole, d'être soutenu dans cette parole par des encouragements, des stimulations et des félicitations, mais aussi d'être respecté et écouté par les autres. Du point de vue de l'acquisition d'un langage d'évocation, les enseignantes ont affirmé travailler avec leurs élèves les trois variables indispensables pour rendre leur discours intelligible pour autrui, c'est-à-dire les personnes, le temps et l'espace (Hernu & Heudre, 2011, p. 48-49). Malgré le fait que cette analyse s'est uniquement basée sur des entretiens et qu'elle mériterait d'être approfondie par des observations sur le terrain, on peut tout de même supposer que ce traitement didactique de l'oral permet de créer chez les enfants certains automatismes leur permettant d'être de meilleurs interlocuteurs et d'ainsi apprendre à communiquer avec autrui de manière appropriée. Sur cette base, en enseignant aux enfants la valeur de la parole de chacun, on pourra alors se concentrer sur ce que Petrella appelle « apprendre à dire bonjour à l'autre » (Petrella, 2001, p.12), c'est-à-dire éduquer les enfants à reconnaître l'existence d'autrui, à vivre la démocratie et à accorder de la valeur à toute contribution.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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